Racisme envers les personnes Noirs

Racisme envers les personnes Noirs

Nouvelles Syndicales novembre 2020

Consœurs et confrères,

Nous avons tous été témoins, dans les nouvelles et dans les médias sociaux, des reportages d’horreur émanant des États-Unis, et même du Canada, sur la brutalité policière, le profilage racial, la discrimination et la violence perpétrés contre les personnes Noirs et les communautés noires, et nous ne pouvons qu’être choqués et consternés par ces événements. De plus, nous avons remarqué la polarisation de la société au sujet de ces événements et de ces reportages, qui a abouti à la création du mouvement All Lives Matter (Toutes les vies comptent), qui n’a servi qu’à miner et à tenter de nier la question de la discrimination raciale systémique qui perdure contre les personnes Noirs.

La mort de l’Afro-Américain Trayvon Martin a donné lieu à une protestation contre son meurtre brutal et a déclenché le mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte) avec l’appui de pays et de gens de toutes couleurs partout dans le monde. Cet incident a été qualifié à juste titre de crime haineux contre les personnes Noirs. Ce qui aurait dû être le moment d’une réflexion approfondie et d’une action immédiate, en consultation avec les communautés noires, a en fait entraîné l’escalade de ces crimes haineux, comme en fait foi le meurtre de George Floyd.

Le problème de la discrimination raciale systémique à l’égard des personnes Noirs n’est pas propre aux États-Unis; et se manifeste dans de nombreux autres pays, dont le Canada. Nous avons vu des citoyens noirs de notre propre pays mourir aux mains de nos policiers et nous avons été témoins des actes de violence, de profilage racial et de discrimination systémique dirigée contre les Canadiens noirs. Les décès des Canadiens noirs, Abdirahman Abdi, Bony Jean-Pierre, D’Andre Campbell et Regis Korchinski-Paquet démontrent que le racisme contre les personnes Noirs continue d’être une cause des pertes de vie chez les personnes Noirs au Canada.

La lutte contre le racisme et la violence envers nos consœurs et nos confrères de la communauté noire repose sur la longue et déplorable histoire d’esclavage, d’oppression et de colonisation des communautés autochtones et des personnes Noirs en Amérique du Nord. Il est difficile, voire impossible, de comprendre comment, en tant que société et en tant que peuple fier vivant dans une société aussi diversifiée, multiethnique et culturelle, nous pouvons permettre que ces injustices se perpétuent et se multiplient en ce 21siècle. Il est essentiel que tous les Canadiens unissent leurs forces et se rallient à nos consœurs et à nos confrères noirs pour lutter avec la dernière énergie contre les traitements horribles infligés aux personnes Noirs.  Pour s’attaquer à ces problèmes, il est essentiel d’écouter activement nos concitoyens noirs afin de comprendre la gravité et l’étendue des problèmes et d’obtenir leurs points de vue sur la façon dont ces questions doivent être traitées.

Les syndicats canadiens ont également un rôle important à jouer en mettant ces questions au premier plan au nom de leurs membres noirs dont ils sont les défenseurs et les alliés. Le Syndicat des employé-e-s de l’Impôt (SEI) s’engage dans cette voie. La négociation de notre convention collective avec l’Agence du revenu du Canada (ARC) a porté notamment sur un libellé interdisant la discrimination en cours d’emploi.  De plus, nous avons créé des politiques internes qui régissent notre syndicat et traitent de la lutte contre la discrimination au sein du syndicat et prévoient un système de recours en cas de discrimination. Mais ce n’est pas suffisant!

Le SEI doit continuer de lutter contre toutes les formes de discrimination et doit prendre les devants en matière de changement systémique, de gouvernance et de la responsabilisation. Nous devons proposer des solutions réelles et concrètes dans le cadre de la convention collective, dans le cadre des politiques de l’ARC, au moyen de modifications législatives et réglementaires touchant les conditions d’emploi, y compris la dotation et d’autres questions semblables. Nous devons insister pour que l’employeur rende davantage de comptes et prenne des mesures immédiates pour corriger les injustices et ouvrir la voie à l’égalité et au respect. Nous devons plaider en faveur d’un soutien et de possibilités accrus pour nos membres noirs. Nous devons nous assurer que des mécanismes sont en place dans le cadre du Programme d’aide aux employés de l’ARC et de son initiative de mieux-être pour aider nos membres noirs.

Le SEI doit s’allier avec ses partenaires de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), les fédérations du travail et le Congrès du travail du Canada pour mobiliser tous les paliers de gouvernement, non seulement afin d’accroître la sensibilisation à cette discrimination systémique, mais aussi pour que des mesures immédiates soient prises afin de régler ces problèmes qui sont tolérés depuis plus 150 ans. Nous nous efforcerons de faire pression sur le gouvernement pour qu’il sensibilise davantage le public à la question, à tout le moins en incluant la discrimination systémique dans les programmes scolaires et en mettant à profit l’influence des médias.

Il est tout aussi important que nous examinions attentivement comment nous, en tant que syndicat, avons pu avoir une incidence négative sur ces questions au fil des ans et que nous révisions nos propres politiques, pratiques et traditions internes. Encore une fois, ce qui est essentiel dans le cadre de cet examen, c’est la nécessité de faire participer nos membres noirs à la détermination des problèmes précis et des mesures concrètes et tangibles pour lutter efficacement contre la discrimination systémique et y remédier. À cette fin, nous examinons actuellement des options possibles afin de déterminer l’approche la plus efficace pour mobiliser nos membres noirs.

Comme vous le savez, les enjeux entourant la discrimination systémique et le mauvais traitement des personnes Noirs ont évolué au fil des ans et il n’y a pas de solution miracle au problème. Il faudra plutôt que le SEI se livre à une réflexion consciencieuse et approfondie et qu’il établisse un plan d’action bien défini.

Jusqu’ici, j’ai fait appel au Comité des chances égales du SEI, au Conseil exécutif du SEI et à l’expertise de l’AFPC pour nous aider à régler cette question extrêmement complexe, et nous demanderons à d’autres, dont les membres noirs de notre syndicat, de nous conseiller et de nous orienter alors que nous nous efforçons de faire changer les choses. En ce qui concerne mes discussions avec le Comité des chances égales, j’ai examiné un sondage sur le racisme, la discrimination et le harcèlement et j’ai approuvé sa diffusion. Le lien vers le sondage se trouve à https://www.ute-sei.org/fr/nouvelles-evenements/nouvelles/sondage-du-sei-sur-le-racisme-la-discrimination-et-le-harcelement ; je vous encourage à le remplir et à le soumettre au plus tard le 30 novembre 2020. Bien que ce sondage ne porte pas précisément sur le racisme envers les personnes Noirs, il comporte cette importante question, ainsi que d’autres formes de racisme, de discrimination et de harcèlement.

Au fil des ans, nous avons vu de nombreuses questions qui ont servi à diviser notre formidable syndicat. J’espère que tous les membres du SEI appuieront cet appel au changement, si louable et attendu depuis longtemps, et parleront d’une seule voix unifiée!

En véritable solidarité,

Marc Brière
Président national du SEI