La retraite, bonne ou mauvaise

La retraite, bonne ou mauvaise

Nouvelles Syndicales décembre 2019

Nous travaillons toute notre vie et nous voulons une retraite heureuse et en santé.  La plupart d’entre nous aimeraient voyager et parcourir le monde, ce qu’il nous était impossible de faire pendant notre vie active, quand on travaillait.  Nous avons maintenant du temps pour voyager, nous adonner à des passe-temps, faire du bénévolat ou ne rien faire et de nous détendre pendant un certain temps.

Pendant mes années de vie active, j’ai connu beaucoup de stress et j’ai accompli beaucoup. J’ai voyagé partout au Canada et interagi avec beaucoup de gens, j’ai bénéficié d’une santé relativement bonne, à part des maux de dos chroniques et certains problèmes d’articulation que j’éprouve depuis quelques années.  Toutefois, j’ai toujours été en mesure de marcher sur une assez longue distance et de faire de légers travaux de jardinage, du camping, de la pêche et de légères activités en plein air.  Pour ma part, je ne voulais plus jamais voir l’intérieur d’un avion ou d’une chambre d’hôtel, alors les dépacements sur de longues distances n’étaient pas à mon programme.  Mon objectif immédiat à la retraite était de ne rien faire du tout et de voir où cela me mènerait après six mois.  Eh bien, cela fait plus de huit ans maintenant, je suis toujours oisive, et j’apprécie encore cela. Toutefois, mes activités sont maintenant contrôlées par ma perte partielle de mobilité, la météo, le besoin de faire quelque chose par opposition au désir de faire quelque chose.  J’ai constaté qu’il est assez facile de s’enliser dans la routine.

L’interaction humaine a été réduite à presque néant, car je n’ai pas fait l’effort de chercher des activités qui incluent d’autres personnes.  Si c'est quelque chose qui vous convient, vous serez heureux à la retraite.  Si vous avez besoin de contacts, vous devrez faire du bénévolat, vous joindre à des groupes, des clubs ou un gymnase, par exemple.  Sinon, vous pourriez vous sentir seul et isolé. 

Je constate que je parle plus facilement à des étrangers à l’épicerie tout en regardant les fruits et légumes et en souriant à des bébés dans leur panier.  En fait, cela se produit dans n’importe quel magasin dès qu’il y a contact visuel.  Je souris davantage aux étrangers dans l’espoir de leur faire sentir qu’ils ne sont pas seuls.  Lorsqu’une dame âgée bloque l’allée en inspectant ses légumes et que les enfants font du bruit et causent des problèmes à leur parent (habituellement la mère), je trouve que j’ai plus de patience qu’avant.  J’ai l’impression que si cela ne change pas ma vie, alors il vaut mieux laisser faire et ne pas se mettre en colère. 

Cependant, à l’autre bout du spectre, j’ai une haine intense pour ceux qui font du mal aux autres, surtout aux enfants et aux animaux.  Bien franchement, j’aime les animaux beaucoup plus que les gens.  Les choses horribles que les gens font à autrui et aux êtres sans défense, c'est incompréhensible.  C’est une très bonne chose que je ne sois pas un policier, un juge ou un directeur de prison.  Ce genre de choses a toujours existé, mais je crois qu’à l’ère de l’électronique, nous en entendons de plus en plus parler.  Cela m’attriste au plus profond de mon être.  C’en est presque paralysant.  Ma maison, mon chien et mon époux, voilà l’univers que j’aime.  C’est un havre de paix pour l’esprit et l’âme.  On n’y voit que le bien et l’amour.  Je n’ai aucune patience pour les gens stupides, ignorants, méchants ou cruels.  Je n’en veux pas dans ma vie et je refuse qu’ils soient près de moi.

Sur le plan financier, il faut se préparer pour la retraite.  Heureusement, j’en ai assez pour vivre confortablement et j’ai la plupart des choses dont j’ai besoin et une partie de ce que je veux.  Ce n'est pas le cas pour beaucoup de gens, et je ne sais pas comment ils s’en sortent. Je sais que c'est impossible parfois. Je peux donner du matériel et de l’argent à des causes, notamment un refuge pour femmes et des organisations de sauvetage d’animaux.  Je suis reconnaissante de pouvoir apporter ma petite contribution pour aider autrui et, bien sûr, les animaux.

Je constate que je suis beaucoup plus sensible que quand je travaillais.  Les petites choses peuvent apporter beaucoup de bonheur ou une profonde tristesse.  Toutefois, la plupart du temps, il est plus facile de se sentir satisfait de la vie maintenant que je suis à la retraite.  Ou peut-être est-ce l’âge.  Je ne sais pas trop de quoi il s’agit, mais c’est un bon sentiment.  Je suis satisfaite.

Betty Bannon
Anciennement :  Fonctionnaire fédérale et
présidente nationale du Syndicat des employé-e-s de l’Impôt